Vous êtes nombreux à nous contacter concernant des populations de chevreuil en déclin et vous retrouvez également des individus morts ou très affaiblis. L’OFB, par l’intermédiaire du réseau SAGIR, éclairci la situation sur cette problématique :
« Ce message pour vous informer que nous recevons de nombreux signalements de mortalité sur l’ensemble ou presque des ruminants sauvages (cerf, chevreuil mouflon, chamois) avec une prédominance des signalements pour le chevreuil, depuis plusieurs semaines voire mois, sur une grande partie du territoire hexagonal. Ce qui change par rapport aux années précédentes pour les chevreuils, c’est qu’il y a une proportion non négligeable d’adultes. Certains sont en très bon état corporel mais la plupart sont dans un état de maigreur avancé. Nous n’avons pas eu le temps d’analyser finement les données d’Epifaune (incomplètes) pour caractériser plus avant le signal et le comparer aux années précédentes. Toutefois, nous épluchons les rapports de nécropsie et d’histologie au fur et à mesure qu’ils nous parviennent, dans les départements où ITD et LVD nous ont alertés et où l’on a accompagné le diagnostic. Pour le moment aucune infection sous-jacente prédominante n’a été mise en évidence (ou bien elles ont été exclues – ex CWD), telle qu’une infection à M. granulomatis (seulement quelques cas ponctuels), FCO et MHE (on a des expositions mais sans évidence d’impact morbide). Les animaux sont très maigres mais les réservoirs gastriques sont pleins et on note la présence de contenu intestinal (diarrhée mais pas tout le temps) indiquant qu’il n’y a pas de stase digestive et qu’ils s’alimentent. Ces animaux sont souvent polyparasités.
L’étude des contenus ruminaux d’une dizaine de chevreuils issus de plusieurs départements distants a révélé que les plantes sont globalement peu digérées et ne correspondent pas au régime alimentaire de référence. Normalement la panse est le reflet du régime alimentaire des 3 derniers jours, on doit donc observer des plantes avec des états de décomposition différents. Par ailleurs des insectes/tiques/asticots/poils ont également été mis en évidence, évoquant un léchage intense des animaux. Enfin, les espèces de végétaux entrant dans le régime alimentaire habituel des chevreuils ont été observées telle que ronce, lierre et glands mais des observations atypiques sont à signaler et notamment la présence de :
– maïs, voire des germes de maïs dans quelques panses,
– prunus padus (dirurétique )
– poacées (luzule, fétuque) en quantité importante
– suspicion de moisissures (sur glands notamment)
L’ensemble de ces éléments est compatible avec la consommation de ressources inhabituelles et inadaptées à la physiologie digestive et les besoins énergétiques du chevreuil, qui peut expliquer la dégradation de l’état corporel et le polyparasitisme secondaire observés. Le report sur ces ressources pourrait s’expliquer par un changement de cortège floristique dans l’écosystème, un stress végétal rendant les ressources habituelles immangeables, une compétition accrue pour la ressources entre ruminants sauvages (cerf-chevreuil notamment), liés aux changements climatiques et aux conditions environnementales particulières cette année.
Le diagnostic de ces mortalités repose donc principalement sur l’étude de l’écologie alimentaire et de son évolution. Le réseau SAGIR permet d’exclure certaines étiologies et d’émettre des hypothèses en matière de stress environnemental.
Plusieurs éléments ces dernières années viennent également interroger l’adaptation du chevreuil au changement climatique et plus largement celui des cervidés : pour mémoire, en parallèle, depuis plusieurs années, on décrit quelques cas d’absence/rupture de diapause chez le chevreuil ainsi que des cas d’intoxications végétales chez le cerf y compris ceux en très bon état corporel. »
Les titulaires de PC du département recevront dans la semaine un questionnaire à ce sujet afin de faire le point avec vous sur votre perception de terrain.